Être enseignant aujourd’hui, c’est bien plus que transmettre des savoirs disciplinaires. C’est aussi exercer une fonction relationnelle et humaine essentielle, en particulier auprès des jeunes qui vivent des vulnérabilités affectives, sociales ou comportementales. La relation d’aide s’inscrit dans cette posture : elle suppose une disponibilité émotionnelle, une écoute active et une capacité à accueillir l’élève dans sa globalité — au-delà de ses comportements.
Au fil de ma formation et de mes expériences de terrain, j’ai été confrontée à des élèves dont les difficultés excédaient le plan purement académique. Certains manifestaient des symptômes de trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH). D’autres présentaient des comportements d’opposition ou des signes d’anxiété de performance, voire de repli dépressif. J’ai également rencontré des jeunes au profil TSA dont les besoins sensoriels, sociaux ou de communication nécessitaient une approche plus individualisée. Ces élèves, souvent stigmatisés ou incompris, réclament une présence pédagogique ajustée, empathique et sécurisante.
Une posture d’écoute et d’ajustement constant
Face à ces défis, j’ai appris à m’éloigner d’une lecture purement disciplinaire du comportement. Plutôt que de punir ou de réagir de façon immédiate, je m’efforce de comprendre ce que le comportement me dit de l’élève, de son vécu, de ses besoins non comblés. Je privilégie une approche préventive et bienveillante, en posant un cadre clair, mais souple, où l’élève sait qu’il a le droit à l’erreur, à l’émotion, au besoin d’aide.
Concrètement, cela m’a amenée à :
Moduler mes attentes et mes consignes pour réduire la surcharge cognitive ou émotionnelle (ex. : consignes simples, reformulations, pauses actives).
Observer les signaux faibles de détresse ou d’isolement, surtout chez les élèves qui ne verbalisent pas leurs malaises.
Réagir avec calme et constance lors d’épisodes de provocation ou d’opposition, en conservant une posture adulte rassurante et non réactive.
Offrir un espace de parole différé après les incidents, afin d’amorcer un dialogue réparateur plutôt qu’un rapport de force.
Valoriser les progrès comportementaux, aussi minimes soient-ils, en renforçant l’estime de soi et le sentiment d’appartenance.
Une compréhension nourrie par la formation
Le cours Élèves en difficulté de comportement suivi à l’automne 2023 a constitué une base essentielle à cette posture. Il m’a permis de mieux distinguer les différentes problématiques comportementales, d’en comprendre les origines possibles (neurologiques, contextuelles, affectives), et surtout de développer des stratégies concrètes d’intervention adaptées à chaque profil. Ce cours m’a appris à voir le comportement non comme une opposition à l’enseignant, mais comme une tentative, parfois maladroite, de s’adapter à un monde scolaire perçu comme exigeant, flou ou menaçant.